Si vous êtes laissé sans voix face à un argument particulièrement tordu, il est fort probable que vous soyez en prise avec une de ces moisissures argumentatives.
En les détectant chez votre contradicteur, vous pourrez clore le débat par forfait de l'adversaire – disqualification par argument invalide.
En les maîtrisant vous pourrez marquer des points pas forcément glorieux mais toujours bienvenus lors d'une joute orale ardue.

Recueil de moisissures argumentatives

Stanislas Antczak, Richard Monvoisin et Nicolas Vivant, 2007-2008

Cette feuille de Moisissures argumentatives est fournie à tous les participants du « concours de mauvaise foi », jeu zététique consistant à justifier avec le maximum d'aplomb une position a priori intenable.
Les différentes figures de style listées ci-dessous représentent un échantillon non exhaustif des arguments “de mauvaise foi” auxquels on peut se trouver confronté dans ce genre de débat rhétorique.

Erreurs logiques

Le Non sequitur

Tirer une conclusion ne suivant pas logiquement les prémisses (mais la conclusion peut être vraie). Deux types :

  1. Si A est vraie, alors B est vraie ;
    or, B est vraie ;
    donc A est vraie.

  2. Si A est vraie, alors B est vraie ;
    or, A est fausse ;
    donc B est fausse.

Le raisonnement panglossien

Raisonner à rebours vers une cause possible, vers une position préconçue.

Le raisonnement par analogie

Utiliser une situation de référence pour effectuer la démonstration ; l'analogie peut être valide ou invalide.

La généralisation

Inférer une conclusion à partir d'un échantillon trop petit.

L'argumentum ad ignorantiam

Affirmer quelque chose parce que le contraire n'a pas été démontré.

Le sophisme post hoc, ergo propter hoc

Après cela, donc à cause de cela. Confondre conséquence et postériorité :

Attaques

Les attaques personnelles (argumentum ad hominem)

Attaquer la personne et non ses arguments.

Le déshonneur par association (cas particulier : reductio ad hitlerum)

Comparer l'interlocuteur ou ses positions à une situation servant de repoussoir.

L'appel à la peur ; la pente savonneuse

Disqualifier un argument en montrant (ou en faisant croire) qu'une telle position conduirait à des catastrophes.

L'homme de paille (technique de l'épouvantail)

Travestir la position de l'interlocuteur en une autre, plus facile à réfuter ou à ridiculiser.

L'argument du silence (argumentum a silentio)

Accuser l'interlocuteur d'ignorance d'un sujet parce qu'il ne dit rien dessus.

Le renversement de la charge de la preuve

Demander à l'interlocuteur de prouver que ce qu'on avance est faux.

Travestissements

Le faux dilemme

Réduire abusivement le problème à deux choix pour conduire à une conclusion.

La pétition de principe

Faire une démonstration contenant déjà l'acceptation de sa conclusion.

La technique du chiffon rouge

L'argument d'autorité (argumentum ad verecundiam)

Invoquer une personnalité faisant ou semblant faire autorité dans le domaine concerné.

L'appel à la popularité (argumentum ad populum)

Invoquer le grand nombre de personnes qui adhèrent à une idée.

L'appel à la pitié (argumentum ad misericordiam)

Susciter la sympathie ou la pitié.


  1. 1 Jean Staune, UIP, communication personnelle à Richard Monvoisin, 13 juin 2007.
  2. 2 Célèbre psychokinésiste prétendant avoir la faculté de tordre le métal.

Stanislas Antczak, Richard Monvoisin et Nicolas Vivant, 2007-2008

Auteur
Stanislas Antczak et Richard Monvoisin
Date
2008
Version ODT
ODT
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